C’est justement parce que Les 2 Vaches n’aimeuh pas ça qu’elles ont envie d’en savoir plus sur le sujet…
Prêts pour un petit tour d’horizon sur ces produits, d’hier à aujourd’hui, avec quelques chiffres édifiants?
Sus à l’ennemi
A priori, un mot qui contient à la fois « peste » et « cide », ça n’annonce rien de bon ! Une moitié vient du latin « tuer » et l’autre de l’anglais « nuisible » : les pesticides sont donc des substances utilisées en agriculture pour lutter contre des organismes vivants, nuisibles aux cultures. Sous cette appellation, on trouve plusieurs types de produits : les insecticides, les fongicides et les herbicides.
Rapide présentation des trois grandes familles :
- Les fongicides éliminent ou empêchent l’apparition des champignons microscopiques responsables de la moisissure. Ce sont les pesticides les plus utilisés en France (49% de l’ensemble), en particulier dans la culture de la vigne.
- Les herbicides sont destinés à tuer les « mauvaises herbes » qui étouffent les végétaux cultivés. Leur consommation représente 34% de la consommation française, sous la forme de désherbants, d’anti-germe (pour les pommes de terre et les oignons) ou de destructeur des tiges et des feuillages, avant la récolte des pommes de terre par exemple.
- Les insecticides sont destinés à éliminer les insectes qui se nourrissent ou pondent sur les cultures, dits « insectes ravageurs » (acariens, chenilles, doryphores, pucerons…).
Les professionnels les appellent « produits phytosanitaires » (qui protègent les plantes) et les textes réglementaires « produits phytopharmaceutiques », mais tout compte fait, on parle à peu près de la mêmeuh chose.
Le boom des pesticides
On utilise depuis bien longtemps certaines substances naturelles pour leurs propriétés toxiques, comme le soufre, l’arsenic ou la nicotine. Mais l’ère des pesticides chimiques de synthèse débute vraiment au XXe siècle, profitant des progrès de la chimie organique et du développement de la recherche sur les armes chimiques durant les deux guerres mondiales. A base de phosphore, de chlore, de carbamate, ou de dérivés du benzène, les herbicides et les insecticides se développent vachement dans les années 50, puis les fongicides dans les années 70.
Aujourd’hui, 95% des pesticides sont utilisés dans le cadre de l’agriculture intensive pour optimiser la production. Les produits sont pulvérisés depuis des tracteurs, parfois depuis des avions ou des hélicoptères, ou répandus par irrigation. On peut également traiter directement les semences.
Les pesticides en France, c’est :
- 100000 tonnes de pesticides utilisés en 2012 (1)
- une place pour la France en tête des pays consommateurs de pesticides, au 4e rang européen (ramené à l’hectare cultivé) (2)
- 80% des pesticides utilisés pour la culture des céréales à paille, mais, colza et vignes, qui représentent seulement 40% de la surface agricole utile (3)
- 23 traitements pesticides annuel sur une pomme de terre, 27 traitements pour un poirier, entre 10 et 40 pour les cerisiers (3)
- dans la population, un niveau d’imprégnation par les pesticides parmi les plus élevés par rapport à ceux relevés dans des pays comparables (4)
Ca meuh fait mal
Avec une cinquantaine d’années de recul, on sait maintenant que les pesticides ont de graves effets sur le plan environnemental. La plupart de ces produits sont volatils et se disséminent dans l’atmosphère lorsqu’ils sont répandus. Ils retombent avec la pluie dans la terre, les plans d’eau, les rivières et sont drainés par les ruissellements jusque dans les nappes phréatiques souterraines. Parce qu’ils ne sont pas sélectifs, les pesticides éliminent les « mauvais » insectes, mais aussi ceux qui sont indispensables à l’équilibre naturel, comme les abeilles ou autres insectes pollinisateurs. Sans parler du fait que certains insectes deviennent résistants, ou prolifèrent parce que leurs prédateurs naturels ont été éradiqués. Meuh voilà comment le cercle vicieux se met en place, poussant à créer de nouvelles molécules et à multiplier les traitements…
Les pesticides ont aussi des conséquences sur la santé humaine. Les agriculteurs en sont les premières victimes : la médecine du travail et la justice reconnaissent le lien entre certaines maladies (maladie de Parkinson, leucémies) et une exposition régulière et répétée à ces produits. Plus généralement, ils sont soupçonnés de perturber le système endocrinien, cardio-vasculaire et respiratoire.
Les plans se succèdent -Grenelle de l’Environnement en 2007, puis plan Ecophyto 2018- échouent à atteindre l’objectif d’une baisse de moitié de l’usage des produits phytosanitaires. Le récent plan Ecophyto 2 repousse l’objectif à l’horizon 2025. Les chiffres sont en légère baisse depuis quelques années… mais vachement trop lentement ! Alors Les 2 Vaches n’hésitent pas à le meugler bien fort encore une fois : il y a urgence, pour la santé de tous comme pour celle de la planète, à changer de modèle agricole !
(1) Rapport https://www.senat.fr/rap/l02-215-2/l02-215-239.html
(2) Chiffres du Ministère : http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Questions-Reponses-sur-les,3225-.html
(3) Rapport de l’expertise réalisée par l’INRA à la demande du Ministère de l’Agriculture, « Pesticides, agriculture et environnement », décembre 2005
(4) Etude réalisée par l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) publiée le 29 avril 2013