Mêmeuh si Pipelette et Savante gambadent joyeusement dans les vertes prairies, elles ont dressé l’oreille en entendant parler des “nouveaux OGM”! Du nouveau côté OGM , ce n’est jamais une très bio-nne nouvelle…
C’est quoi, ces “nouveaux OGM” ?
Qu’ils soient “anciens” ou “nouveaux”, il s’agit de toutes façons d’organismes génétiquement modifiés. Ce qui change, c’est la technologie utilisée pour manipuler les gènes. Savante va enfiler sa blouse blanche pour nous l’expliquer: les “anciens” OGM sont obtenus en introduisant dans le génome un ou plusieurs gènes extérieurs (transgénèse), qui lui donnent une propriété particulière : secréter un insecticide qui la protège des ravageurs ou resister aux herbicides… Tandis que les “nouveaux OGM” (ou NPBT, pour New Plant Breeding Techniques ) sont obtenus par différents procédés qui provoquent une mutation des gènes de la plante (mutagénèse ciblée). Les gènes mutants rendent par exemple la plante plus résistante aux parasites, ou à la sécheresse…
Le problèmeuh juridique
Côté législation, jusqu’à aujourd’hui, ils sont considérés comme des organismes génétiquement modifiés selon la définition de la directive européenne (1), et donc soumis aux mêmes règlements (en France, la culture commerciale des OGM est interdite et l’étiquetage obligatoire pour les produits alimentaires contenant plus de 0.9% d’OGM). Mais les choses pourraient changer : la Commission Européeenne, qui étudie la question depuis 2008, doit bientôt rendre ses conclusions et décider si les NPBT doivent être considérées comme des OGM ou non.
Evidemment, les promoteurs de ces nouvelles techniques veulent qu’elles échappent au statut juridique des OGM. Leur argument ? Ces manipulations génétiques ne font qu’accélérer un processus de mutation qui se produirait également dans la nature : au final, il n’y aurait pas de différence entre les mutants naturels et artificiels.
Les associations sonnent l’alarmeuh
Pour rendre cet avis, l’Europe tiendra compte des positions de chaque état membre, et pour la France, de l’avis du Haut Conseil des Biotechnologies (2), qui a déjà rendu un avis… favorable en février pour différencier juridiquement les OGM et les NPBT ! Du coup, ces nouveaux OGM seraient exemptés des principes de précautions auquels sont soumis les premiers : évaluation, traçabilité, étiquetage et information des consommateurs.
Considérant que l’avis se base sur des informations scientifiques insuffisantes et partiales, sept organisations et plusieurs personnalités (3) ont alors claqué la porte du Haut Conseil des Biotechnologies. Pour eux, il n’y a pas eu de veritable débat au sein du Haut Conseil des Biotechnologies, “aux mains des lobbyiste de l’agrochimie”.
Les 2 Vaches sont bien d’accord sur ce point : les études sur les OGM sont insuffisantes, manquent de transparence et de recul. Alors des OGM, nouveaux ou anciens, dans notre assiette et à notre insu, non meuhrci ! Parce que savoir ce qu’on mange, c’est vachement important !
1. Directive européenne 2001-18, qui précise que sont OGM les « organismes, à l’exception des êtres humains, dont le matériel génétique a été modifié d’une manière qui ne s’effectue pas naturellement par multiplication et/ou par recombinaison naturelle ».
(2) Le Haut Conseil des biotechnologies (HCB) est un organisme public français indépendant, créé suite au Grenelle de l’environnement par la loi du 25 juin 2008 relative aux OGM1. Il est chargé d’éclairer la décision publique en matière de biotechnologies, et notamment les organismes génétiquement modifiés (OGM).
(3) Les Amis de la Terre, la Confédération Paysanne, France Nature Environnement, Greenpeace, Féderation de l’Agriculture Biologique, L’Union Nationale de l’Apiculture Française, Semences Paysannes, ainsi que Patrick de Kochko, Vice-Président du Comité économique Ethique et Social (CEES) et Yves Bertheau, directeur de Recherches à l’INRA, ex-membre du Conseil scientifique du HCB
* Sources: Le Monde du 6 et 22/04/2016, L’Humanité du 15-17/04/2016