On connaît bien les prairies de Normandie, mais un peu moins le bocage normand ! Qu’est-ce que c’est exactement que le bocage ? Est-ce que le bocage est une spécialité normande ? Pourquoi c’est vachement important dans le paysage de Normandie ? Sans tout spoiler, on peut quand même vous donner un indice : pour la biodiversité, y’a pas meuh !
Le bocage normand, kezaco ?
Le mot “bocage” vient de l’ancien français “boscage” qui signifiait “lieu boisé” ou “petit bois”. Le bocage normand désigne un type de paysage caractéristique de la région de Normandie : c’est un paysage rural, constitué de petits champs délimités par des talus, ou levées de terre, des haies, des bosquets d’arbre et des chemins creux. Ces haies sont souvent composées d’arbres comme le hêtre, le chêne ou le frêne. Tous ces éléments naturels agissent comme des cloisons naturelles entre les petites parcelles agricoles.
Pour autant, le bocage n’est pas complètement naturel : il a été façonné par l’homme siècle après siècle pour répondre à ses besoins. Les premières haies arborées de la région datent même de l’époque gallo-romaine ! Depuis des temps très anciens, on a compris que les haies pouvaient servir à délimiter les parcelles de terre, fournir du bois pour se chauffer, et permettre au bétail de s’abriter.
Il existe des bocages dans d’autres régions de France, plutôt vers l’ouest du pays (Vendée, Bretagne), et même dans d’autres pays. Mais le bocage de Normandie est sans doute le plus fameuh ! Ce découpage particulier des sols s’observe principalement dans l’ouest de la région normande, autrefois appelée Basse-Normandie, environ jusqu’au Mont-Saint-Michel. On parle des départements de l’Orne, du Calvados (pays d’Auge et de Vire) et de la Manche, territoire le plus bocager de France. Sans oublier le Pays de Bray, en Seine-Maritime, également bocager.
Ce terroir du bocage normand est émaillé de petites cités chargées d’histoire comme Domfront la médiévale, Vire, Saint-Sauveur-le-Vicomte et son château, sans oublier la ville de Caen, chef-lieu du Calvados.
Pourquoi on aimeuh tant le bocage normand ?
Déjà, ce paysage de bocage est vachement apprécié parce qu’il est très joli : vallonné, alternant les vertes prairies et les champs cultivés… Avec ses couleurs variées qui forment un bio patchwork, le bocage fait partie du patrimoine naturel de la Normandie !
En plus de cet aspect esthétique, le bocage est aussi vachement utile. C’est un système agraire qui offre une protection très efficace contre l’érosion des sols et le vent. Les talus de terre et les haies agissent comme des barrières naturelles qui protègent les sols, empêchant aussi le ruissellement de l’eau. Depuis bien longtemps, les agriculteurs utilisent le bocage afin d’améliorer leurs terres et leurs récoltes.
Le bocage normand joue aussi un rôle dans la régulation du climat local, en réduisant l’effet des vents forts et en contribuant à modérer les températures. D’ailleurs, les vaches qui ont tout compris adorent s’abriter du soleil et du vent derrière les haies ! Et pis, le bocage est aussi essentiel pour la biodiversité locale…
Le bocage normand, un réservoir de biodiversité
Le bocage est précieux car il abrite une vie foisonnante ! En offrant des habitats variés pour la faune et la flore, c’est un formidable réservoir de biodiversité ! On y trouve plein de variétés d’espèces animales et végétales .
Le bocage normand est reconnu pour son rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité. Les haies et les bosquets du bocage offrent un abri et une source de nourriture pour de nombreuses espèces animales, notamment les oiseaux, les petits mammifères, les insectes et les amphibiens. Campagnols, mulots, rapaces, moineaux, lézards, grenouilles et coléoptères, entre autres, s’y nourrissent, s’y reposent et s’y reproduisent. Les haies servent aussi de « corridors biologiques », permettant aux animaux de se déplacer entre les différentes parcelles agricoles, favorisant ainsi leur dispersion et leur survie.
En abritant de nombreuses espèces d’insectes, les haies favorisent aussi la pollinisation. Abeilles et papillons, qui jouent un rôle vachement important dans la pollinisation des cultures et des plantes sauvages, s’y plaisent beaucoup. Et c’est grâce à eux que se reproduisent les espèces végétales…
Le bocage de Normandie meuhnacé par l’activité humaine
C’est à partir du milieu du siècle dernier que le bocage a commencé à diminuer en Normandie. Il y a plusieurs raisons : les haies, qui occupent une surface potentiellement cultivable, deviennent une gêne pour les agriculteurs. La tendance est alors au remembrement : pour agrandir les exploitations et les parcelles, il faut arracher les haies et détruire les talus de terre. Les haies demandent un entretien régulier, empêchent le passage d’engins agricoles et peuvent abriter des nuisibles : on les voit donc comme un obstacle au progrès agricole, d’autant qu’elles ont moins d’intérêt économique (fourrage, combustible).
Encouragée par la PAC (Politique Agricole Commune de la Communauté Européenne) dans les années 1980, la transformation/disparition du paysage bocager s’amorce. L’intensification de l’agriculture, tout comme l’urbanisation croissante, sont donc une meuhnace pour le bocage normand. Ainsi, le bocage bas-normand a perdu 40% de linéaires de haies entre 1972 à 2006, soit en moyenne 2 700 km/an (source étude Géosignal, 2008). Et avec pour conséquence une diminution de la biodiversité…
Face à cette menace, plusieurs initiatives sont nées pour préserver le bocage normand et maintenir sa contribution à la biodiversité. Des initiatives de conservation sont mises en œuvre, notamment la promotion de pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement, comme la bio, et la restauration des haies et de ses écosystèmes.
Les 2 Vaches, made in Normandie dans le Calvados, s’engage pour la préservation de l’écosystème du bocage normand en plantant des haies avec ses éleveurs partenaires.