L’idéal, ce serait tout simplement que les vaches laitières se nourrissent d’herbe. Mais toutes n’ont pas la chance, comme Pipelette et Savante, de pâturer la bionne herbe de Normandie ou d’ailleurs… Pour beaucoup d’autres, c’est tourteaux de soja au menu, importées du Brésil à hauteur de 2 millions de tonnes. Une culture qui fait des ravages, comme en témoignent les terribles incendies en Amazonie de l’été 2019, véritable catastrophe humaine, écologique et climatique. Pourquoi et comment la bio a un rôle à jouer ? Retour sur les faits et petit tour d’horizon des pratiques pour meuh comprendre les enjeux, du champ à l’assiette.
En agriculture conventionnelle, la ration des vaches laitières est régulièrement complétée avec des tourteaux de soja pour apporter des protéines végétales. Ces tourteaux représentent environ 5% de leur ration. Or, même si elle est en développement, la filière soja française n’est pas capable d’assurer ces besoins : chaque année, la France importe environ 3,5 millions de tonnes de tourteaux de soja pour l’alimentation des animaux d’élevage. Et environ la moitié – soit près de 2 millions de tonnes –, provient du Brésil.
Le Brésil, d’après les prévisions pour 2019/2020, arrivera en tête des producteurs mondiaux de soja : on est passé de 25 000 tonnes produites en 1949 à 123 millions de tonnes prévus l’an prochain ! C’est aussi devenu le premier exportateur mondial, avec 83,6 millions de tonnes importées… soit 22,6% de plus qu’en 2017 ! L’histoire de cette folle expansion du soja tient en 3 mots : déforestation, pesticides et OGM.
Et il ne compte pas s’arrêter là : « Notre pays est un des rares à pouvoir encore accroître ses terres cultivées, entre 70 et 80 millions d’hectares supplémentaires, ce qui lui permettrait de plus que doubler la surface de céréales et oléagineux », affirme le président du Comité stratégique soja*. Un développement agricole qui s’exerce aux dépens de la forêt amazonienne, mais surtout de la région du Cerrado, un immense plateau au centre du pays. Plus de la moitié des 1,5 million de km² de cette savane, qui abrite la plus grande biodiversité au monde, a déjà été défrichée pour en faire des terres arables : c’est là qu’est majoritairement cultivé le soja.
Quel rapport avec les feux ? La technique ancestrale du brûlis (“queimadas”) est utilisée au Brésil pour “préparer les terres à la culture” : nettoyer de parcelles nouvellement défrichées, ou bien des pâturages. Une méthode qui régénère les pâturages à cout terme, mais appauvrit les sols à moyen terme. Le soja s’installe alors sur les pâturages dégradés, et il faut déforester encore un peu plus loin pour emmener le bétail paître ailleurs. Un vrai cercle vicieux…
Dans le meilleur des cas, la pluie arrête le feu. D’autres fois, non. Selon l’INPE*, de janvier à septembre 2019 – en seulement neuf mois –, 60 000 km2 ont été affectés par les incendies en Amazonie, et 123 000 km2 dans le Cerrado.
La bio, pour un autre meuhdèle d’élevage !
De notre assiette à l’Amazonie, la distance n’est donc pas si grande. Les 2 Vaches a envie de meugler plus fort que jamais pour que nous sortions de ce système aux conséquences néfastes pour la planète et pour les hommes, des deux côtés du globe.
Comment agir ? Par quoi commencer, à notre échelle, face à un problème si vaste ? Une manière de s’engager est de consommer différemment.
Entre autres, en soutenant un modèle de production laitière locale bio, autonome et pâturant :
- Un modèle dans lequel les vaches se nourrissent principalement d’herbe pâturée
- Un modèle dans lequel l’alimentation provient de la ferme elle-même (ou si besoin, d’une autre exploitation bio de la même région),
- Un modèle qui vise l’autonomie alimentaire et n’a pas besoin d’importer de soja transgénique,
- Un modèle qui interdit les OGM, alors que plus de 90% du soja produit au Brésil contient des OGM. Si la culture du soja OGM est interdite en France, l’importation pour nourrir les élevages ne l’est pas !
Par exemple, une exploitation laitière bio normande Les 2 Vaches est constituée en moyenne de 85% de prairies bio, elles-mêmes entourées de 12 kms de haies. De quoi préserver la biodiversité et nourrir nos vaches laitières avec les meilleures ressources locales possibles … Un modèle vertueux, que Les 2 Vaches et de nombreuses entreprises bio promeuhvent depuis des années !
En bio, le choix de l’autonomie alimentaire est une question de sens, et surtout de bon sens. C’est aussi, pour nous consommateurs et citoyens, une réponse pour contribuer à tarir les besoins en soja venant du Brésil. Donc à plus long terme, faire diminuer la culture du soja, donc la déforestation, donc les incendies…
Les 2 Vaches veulent faire meuh que le cahier des charges bio
Le cahier des charges de l’agriculture biologique* apporte des garanties essentielles quant à l’alimentation des vaches. Meuh nous sommes encore plus exigeants, et pensons qu’on peut aller plus loin ! Alors dès 2020, nous allons déployer un cahier des charges plus poussé pour nos éleveurs partenaires.
Bien sûr, l’alimentation des vaches doit être 100% bio, produite sans pesticides ni de fertilisants de synthèse, et sans OGM. Et nous nous engagerons dans une démarche de progrès notamment sur les axes suivants (chiffres 2018) :
➢ Vers 100% d’alimentation produite à la ferme / vs minimum 60% de la ration produite sur la ferme ou dans la région * (actuellement 94%)
➢ Minimum 75% de surface en herbe dans la surface fourragère (actuellement 93%)
➢ La garantie que 100% de l’alimentation des vaches soit d’origine française lorsqu’elle n’est pas produite sur la ferme
➢ 220 jours minimum de pâturage / vs un accès au pâturage dès que les conditions le permettent* (actuellement 279 jours)
Parce que, pour en revenir au bon sens, les vaches ont d’abord besoin d’herbe ! L’herbe est la première source de protéines chez les ruminants : en valorisant les prairies, en augmentant le pâturage, en associant graminées et légumineuses, ou encore en séchant le foin en grange, leurs besoins physiologiques sont assurés. C’est aussi avec le programme Reine Mathilde que Les 2 Vaches s’engage à aider les producteurs à augmenter l’autonomie alimentaire sur leur ferme, notamment par les associations de cultures et des prairies performantes…
Tourteaux de soja transgéniques brésiliens vs prairies normandes : c’est à nous tous, éleveurs, fabricants de yaourt et consommateurs de faire le choix d’un modèle durable. A l’heure de l’urgence climatique, meuhbilisons-nous pour la bio !
Sources
https://www.france-conseil-elevage.fr/documents/49
Observatoire de l’alimentation des vaches laitières_Cniel-2015-2018
https://www.terre-net.fr/marche-agricole/actualite-marche-agricole/article/le-bresil-parti-pour-detroner-les-etats-unis-dans-la-culture-du-soja-1395-153001.html
https://www.inrae.fr/actualites/deforestation-au-bresil-que-fait-vraiment-france
http://queimadas.dgi.inpe.br/queimadas/aq1km/
https://www.liberation.fr/planete/2019/09/06/deforestation-l-amazonie-rongee-par-l-impunite_1749821
*CESB, Comitê Estratégico Soja Brasil
*INPE, Institut national de recherche spatiale
*Textes règlementaires agriculture biologique : https://www.agencebio.org/profil/pages-communes/les-textes-reglementaires/
Chiffres Les 2 vaches 2018