De bio-nnes nouvelles du côté du bio : d’après le rapport scientifique qui vient d’être publié, “la production d’aliments biologiques présente plusieurs avantages documentés et potentiels pour la santé humaine”. Voici donc un état des lieux sur un sujet qui nous tient vachement à cœur !
Ce rapport, intitulé “Revue exhaustive des conséquences sur la santé humaine des aliments biologiques et de l’agriculture biologique ” (1) a été financé par le Parlement Européen et conduit par une équipe de chercheurs et spécialistes européens (français, suédois, danois, polonais et anglais). Il s’agit d’une grande synthèse, faite à partir des études déjà existantes : pour effectuer ce travail, les chercheurs ont décortiqué et analysé 280 études internationales récentes, de niveau scientifique reconnu. C’est donc le rapport le plus complet qui existe à ce jour !
Ces chercheurs se sont intéressés aux effets que la production et la consommation d’aliments biologiques pouvaient avoir sur la santé humaine.
Voilà, en 8 points essentiels, les effets bénéfiques qu’ils ont pu observer :
Réduire le risque de maladies allergiques, de surpoids et d’obésité
Une étude hollandaise menée sur 2700 mères et leur bébé, consommant exclusivement des produits laitiers bio durant la grossesse et la petite enfance, a montré une réduction de 36% du risque d’eczéma de l’enfant à l’âge de 2 ans.
Une étude française portant sur 62 000 personnes démontre une baisse de 23% du risque de surpoids et de 31 % du risque d’obésité chez ceux qui consomment fréquemment bio.
De façon globale, les consommateurs réguliers de bio ont un régime alimentaire plus équilibré, avec davantage de fruits et légumes, de céréales complètes, et moins de viande. Il est constaté que les personnes qui mangent bio prennent moins de poids avec le temps.
Moins d’hypertension, de diabète de type 2, de cholestérol et de maladies cardio-vasculaires
Une étude française portant sur 62 000 personnes montre que les consommateurs réguliers de bio ont un risque diminué d’hypertension, de diabète de type 2, de cholestérol et de maladies cardio-vasculaires (pour les hommes).
Les auteurs ajoutent que les consommateurs de bio ont en général un mode de vie plus sain : ils sont plus actifs et moins fumeurs que la moyenne de la population. Ils restent donc prudents sur la relation de causalité, car ces facteurs de bonne hygiène de vie influencent aussi les résultats. Et ils regrettent d’ailleurs qu’il n’existe pas davantage d’études sur le sujet…
Les consommateurs de bio sont moins exposés aux pesticides
Une étude suédoise a montré que des adultes consommant tous les jours 500 grammes de fruits et légumes bio étaient au moins 70 fois moins exposés aux résidus de pesticides que le groupe consommant la même quantité provenant de l’agriculture conventionnelle.
Des études ont montré que la concentration de pesticides dans les urines était considérablement réduite après une semaine de consommation limitée aux aliments biologiques.
Des résultats qui ont l’air vachement évidents, puisque l’agriculture bio n’utilise ni pesticides ni engrais chimiques de synthèse, mais dont les bénéfices santé sont vraiment importants. Car pour les consommateurs (hors travailleurs agricoles), l’alimentation reste la première source d’exposition aux pesticides.
Autre effet vicieux : consommer plusieurs fruits et légumes par jour est bénéfique pour la santé. Mais du coup, vous êtes davantage exposé aux résidus de pesticides : une bonne raison pour choisir des fruits et légumes bio !
Un mode de production moins néfaste pour la santé
Des études sur les effets des insecticides organophosphorés chez l’homme concluent que l’eposition pendant la grossesse – à des niveaux généralement observés dans la population générale – a probablement des effets négatifs sur le développement neurologique des enfants
Un grand nombre de pesticides sont neurotoxiques : au moins 100 d’entre eux sont reconnus pour leur toxicité pour le système nerveux. L’exposition directe (pendant l’épandage, par exemple) augmente les risques de maladie de Parkinson. Les effets néfastes sur l’organisme en formation, comme les foetus et jeunes enfants, est également avéré. L’exposition de la mère à des « insecticides organophosphorés », qui sont des perturbateurs endocriniens, pendant la grossesse, peut entraîner des troubles du développement neurologique de l’enfant : retards cognitifs, hyperactivité, et QI plus faible.
Les animaux nourris en bio résistent mieux aux maladies
Une étude menée sur des poulets a montré qu’après une épreuve immunitaire, les poulets recevant des aliments biologiques ont récupéré plus rapidement que ceux nourris avec des produits issus de l’agriculture conventionnelle. Cette résistance au défi immunitaire a été interprétée comme un signe d’amélioration de la santé grâce au mode d’alimentation bio.
Sur des animaux et in vitro (hors d’un organisme vivant), plusieurs études ont démontré que le système de production agricole avait un impact sur certains aspects de la vie cellulaire, le système immunitaire, la croissance et le développement global. Actuellement, on n’a pas la preuve que les résultats seraient identiques pour les humains. On parle donc encore de « plausibilité des effets potentiels »…
Le lait bio contient beaucoup plus d’Oméga 3, un acide gras essentiel indispensable à la bonne santé
Plusieurs études confirment que lait de vache bio contient environ 50% de plus d’Oméga 3 que le lait de vache conventionnel.
Cela s’explique assez simplement par la différence de régime alimentaire : les vaches bio se nourrissent de fourrage à base d’herbe et de trèfle, qui contient naturellement beaucoup d’Oméga 3, tandis que les tourteaux de céréales, soja ou maïs donnés en agriculture conventionnelle n’en contiennent pratiquement pas. Et cela se retrouve dans le lait…
Les Omégas 3 sont des acides gras essentiels, nécessaires au développement et au fonctionnement de la rétine, du cerveau et du système nerveux. Le corps n’en fabrique pas, ils doivent donc être apportés par l’alimentation.
L’usage fréquent d’antibiotiques dans l’élevage conventionnel est un facteur de développement de l’antibio-résistance
50 à 80% des traitements antibiotiques sont utilisés pour l’élevage animal, dans le monde entier.
Dans l’Union Européenne, la quantité d’antibiotiques consommés par les animaux de ferme est légèrement supérieure à celle utilisée pour soigner les hommes, dans les 28 pays de l’UE / EEE étudiés.
Des chiffres qui laissent pensifs… Il faut savoir que les antibiotiques sont souvent systématiquement administrés aux animaux sains, à titre préventif, pour éviter les maladies liées à la promiscuité dans l’élevage industriel. Or les études montrent également que plus l’administration d’antibiotiques est élevée, plus les bactéries développent de résistance au traitement : les antibiotiques deviennent alors inefficaces. Les auteurs du rapport, tout comme l’OMS, considèrent qu’il s’agit «d’une préoccupation majeure » et d’une « grave menace qui pèse sur la santé humaine ».
En bio, l’usage des antibiotiques est très strictement réglementé : on les utilise en dernier recours, et toujours à titre curatif.
Et pourquoi on s’en sert peu en bio ? La réponse est là :
Le bio, c’est mieux aussi pour le bien-être et la santé des animaux
Un rapport danois montre que répondre aux exigences de la production biologique a plusieurs conséquences positives en termes de bien-être animal et de santé.
En bio, les élevages sont de tailles restreintes et le cahier des charges est très strict : pas d’entraves, accès au plei air autant que possible, environnement intérieur spacieux et adapté. En plus d’être un mode d’élevage respecteux des animaux, cela participe à réduire le besoin de médicaments préventifs : ils peuvent alors adoter des comportements plus naturels et on plus de possibilités de rester en bonne santé. Un cercle vachement vertueux !
Comme le soulignent les auteurs du rapport en conclusion, « une application plus large de ces méthodes de production serait donc très bénéfique pour la santé humaine. »
(1) “Human health implications of organic food and organic agriculture: a comprehensive review”, Axel Mie, Helle Raun Andersen, Stefan Gunnarsson, Johannes Kahl, Emmanuelle Kesse-Guyot, Ewa Rembiałkowska, Gianluca Quaglio and Philippe Grandjean – Environmental Health 2017.