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Peut-on vraiment nourrir la planète avec le bio ?

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Peut-on vraiment nourrir la planète avec le bio ?
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La Bio Kezako ?
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19/01/22

Un monde plus bio, Pipelette et Savante en rêvent depuis toujours et elles ne sont pas les seules ! Meuh est-ce vraiment possible de nourrir toute la planète en bio ? D’ici combien de temps pourrait-on y arriver ? Plusieurs études scientifiques se sont penchées sur la question et ont répondu positivement : la bio est capable d’assurer la majeure partie de notre alimentation à l’échelle mondiale d’ici les trente prochaines années. A condition d’être soutenue par les politiques publiques et accompagnée par un vrai changement de nos habitudes de consommation.

 C’est bien beau tout bio, meuh comment ?

Sans parler des bienfaits pour notre santé, aller vers de plus en plus de bio est une urgence pour la santé de notre planète. En pleine crise climatique, se tourner vers un système de production alimentaire sain et durable fait partie des réponses pour sortir de l‘impasse.

Parallèlement, la population mondiale ne cesse d’augmenter : nous sommes 7,7 milliards en 2022, serons proches de 10 milliards en 2050, et peut-être 11 vers 2100 selon les projections de l’ONU (1)… Donc vachement nombreux ! L’enjeu est donc d’assurer la sécurité alimentaire du plus grand nombre, dans les meilleures conditions possibles.

Les plus sceptiques doutent que la bio puisse parvenir à nourrir la planète parce que les rendements en bio sont un peu plus faibles (inférieurs de 5 à 30% suivant les productions et les conditions) qu’en agriculture conventionnelle. Pour atteindre le même niveau de production et nourrir plus de monde, il faudrait donc plus de terre. Conséquence : plus de déforestation, moins de biodiversité, donc impact global négatif… Alors on abandonne cette piste ? Sûrement pas : en fait, l’objectif n’est pas de remplacer un systèmeuh de production par un autre, et de produire toujours plus. Au contraire, c’est l’opportunité de repenser tout notre système agro-alimentaire

Pour y arriver, il faut biocoup changer

Dans une étude européenne (2) qui date de 2017, des chercheurs affirment « qu’il serait possible de nourrir plus de 9 milliards d’êtres humains en 2050 avec 100 % d’agriculture bio, sans augmenter la superficie de terres agricoles et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre ». Ça c’est quand même une vachement bionne nouvelle : d’abord parce que c’est (enfin) la « première fois qu’on répond à la question de savoir si le bio peut nourrir le monde en intégrant à la fois la question des rendements, de l’occupation des sols, des effets environnementaux ou encore des émissions de CO» (3), et ensuite parce que la réponse est oui !

Alors comment ont-ils réussi à résoudre l’équation ? En intégrant de nouveaux parameuhtres ! Selon ces chercheurs, nourrir la planète avec 100% d’alimentation est possible à deux conditions :

  1. réduire le gaspillage alimentaire, qui représente aujourd’hui 30 % de la production alimentaire mondiale. Si ces ressources étaient utilisées et non gâchées, elles n’auraient pas besoin d’être produites… c’est (bio)logique ! Dire qu’on pourrait augmenter nos ressources alimentaires d’un tiers sans produire plus… Voilà une des bionnes raisons pour lesquelles Les 2 Vaches s’engage activement contre le gaspillage alimentaire (on vous dit comment ici).
  2. diviser la consommation de produits d’origine animale par trois. En effet, 70% des terres cultivables de la planète sont actuellement utilisées pour nourrir les animaux d’élevage et on estime qu’il faut environ 3 kilos de produits végétaux pour produire 1 kilo de viande : moins de terres pour nourrir les bêtes, c’est plus de terres pour nourrir les hommes.
Nourrir la planète

A l’échelle nationale, le scénario « Afterres 2050 » de l’association Solagro (4) est un peu moins ambitieux mais arrive tout de même à ces conclusions : d’ici 30 ans, une agriculture bio à 50 % pourrait nourrir 72 millions de Français sans augmenter la quantité de terres arables. A nouveau, à condition bien sûr de changer nos pratiques, en commençant par notre assiette : moins de sucres et de protéine animales, un régimeuh alimentaire beaucoup plus axé sur les protéines végétales, et en réduisant de moitié les pertes et le gaspillage.

Dans ce scénario, les impacts positifs sur l’environnement, les ressources naturelles et le changement climatique sont vachement importants :

  • l’utilisation des pesticides (et donc la pollution engendrée) serait divisée par 3
  • les émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture réduits de moitié,
  • la consommation d’énergie  et la consommation d’eau utilisée pour irriguer les cultures d’été divisées par 2.

Les vaches sont vachement utiles aussi…

Deux études récentes (2021) montrent aussi que  le passage à une agriculture bio, locale et nourricière n’est pas une utopie, et que l’élevage a un rôle à jouer.

La première, meuhnée par les chercheurs de l’INRAE* (5), considère que nourrir la population mondiale avec 60% de bio est réalisable. Pour ce faire, il faut agir côté consommation, mais aussi production. D’une part, réduire un peu le nombre de calories dans notre assiette : de 3 000 kilocalories en moyenne, par jour et par habitant dans les pays développés, à 2200. Et d’autre part, conserver une part d’élevage pour optimiser les précieuses ressources naturelles qu’il fournit.

L’agriculture bio a un peu moins de rendement car elle n’utilise pas d’engrais azoté de synthèse, qui favorise la croissance des plantes mais est extêmeuhment néfaste à la santé de la planète : émissions de gaz à effet de serre, pollution des nappes phréatiques… Pour pallier à ce « manque », l’engrais naturel que constitue le fumier est indispensable : l’élevage a donc un rôle essentiel à jouer dans la fertilisation des sols si on veut se passer d’engrais chimiques.

Polyculture-élevage, un meuhdèle d’avenir

Une seconde étude (6) réalisée par une équipe internationale de chercheurs  montre, chiffres à l’appui, que l’Europe pourrait atteindre l’autosuffisance alimentaire en 2050 sans avoir recours aux engrais azotés, ni augmenter la surface de terres cultivées.

Le premier levier identifié rejoint les études précédentes : changer globalement notre régime alimentaire. Le second levier serait de généraliser les rotations des cultures, comme on le pratique déjà en bio, pour enrichir les terres en azote de manière naturelle (qui plus est, les rotations longues et diversifiées diminuent la vulnérabilité aux parasites, donc l’usage des pesticides !). Enfin, troisième levier : reconnecter la culture et l’élevage.

Aujourd’hui, les régions agricoles sont hyperspécialisées : par exemple, en France, l’élevage porcin et bovin se concentre en Bretagne, et la production céréalière en Ile-de-France. Si on réinstallait des élevages à proximité des terres agricoles, on pourrait plus facilement recycler les déjections animales en fumier, et donc se passer d’engrais chimiques ! L’agriculture et l’élevage sont naturellement complémentaires : les associer sur une même ferme, en polyculture-élevage, ou à proximité, constitue un modèle agricole d’avenir.

Pour l’agronome Marc Dufumier, ces changements sont à notre portée : « Il existe plusieurs formes d’agricultures alternatives capables de nourrir correctement et durablement l’humanité tout entière. Elles permettraient, de plus, de fixer le CO2 dans le sol tout en l’enrichissant en azote et phosphate sans apport de produits chimiques toxiques.[…] Mais cela implique des changements de société radicaux qu’aucun gouvernement n’a cherché à appliquer jusqu’à présent. Ainsi, l’objectif de la politique agricole commune devrait être d’encourager ces pratiques alternatives plutôt que de fournir des subventions proportionnelles aux surfaces exploitées.” (7) A bion entendeur, salut !

 

 

*INRAE : Institut National de Recherche pour l’Agriculture et l’Environnement

Sources : 

(1) https://www.un.org/fr/global-issues/population#:~:text=Selon%20les%20projections%2C%20la%20population,individus%20vers%20l’an%202100.

(2) https://www.nature.com/articles/s41467-017-01410-w

(3)  https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/14/une-agriculture-100-biologique-pourrait-nourrir-la-planete-en-2050_5214822_3244.html

 (4) https://afterres2050.solagro.org/a-propos/le-projet-afterres-2050/

https://www.toutsurlabio.fr/question/lagriculture-biologique-pourrait-elle-nourrir-lhumanite

(5) https://www.nature.com/articles/s43016-021-00276-y

(6) https://www.cell.com/one-earth/fulltext/S2590-3322(21)00289-X?_returnURL=https%3A%2F%2Flinkinghub.elsevier.com%2Fretrieve%2Fpii%2FS259033222100289X%3Fshowall%3Dtrue

(7) https://www.ouest-france.fr/medias/ouest-france/courrier-des-lecteurs/des-alternatives-a-lagriculture-intensive-158c0dba-be7b-4e37-a176-d8c045253030 

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-billet-vert/environnement-60-de-bio-dans-l-agriculture-mondiale-c-est-possible_4609071.html

https://reporterre.net/L-agriculture-bio-et-locale-pourra-nourrir-l-Europe-en-2050-selon-une-etude-scientifique




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