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Les Etats Généraux de l’Alimentation : peut MEUH faire ?

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Les Etats Généraux de l’Alimentation : peut MEUH faire ?
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05/04/18

Meuh se nourrir en faisant bouger les lignes du modèle agroalimentaire, voilà l’une des préoccupations qui nous tient le plus à cœur. C’est dans cette optique que Les 2 Vaches a réuni, lors des ateliers de l’Etable Citoyenne au printemps 2017, des consommateurs, des professionnels de l’agroalimentaire et des acteurs du monde associatif, afin de réfléchir ensemble et de proposer des solutions concrètes pour mieux se nourrir demain. Les bio projets nés de cette réflexion collective ont été soutenus par Les 2 Vaches afin qu’ils voient le jour : à notre échelle, nous avons meuhbilisé les énergies pour faire bouger les choses.

C’est donc avec vachement d’intérêt que nous avons suivi, quelques mois plus tard, les Etats Généraux de l’Alimentation, lancés par le gouvernement d’octobre à décembre 2017. “Etats Généraux”, ça évoque de grands bouleversements : le résultat est-il à la hauteur des attentes ? Va-t-on vraiment vivre l’An 1 d’un nouveau modèle agroalimentaire ?

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Petit tour d’horizon pour se faire une idée sur la question…

Les EGA en quelques chiffres :

  • 5 mois consacrés à la réflexion partagée (20 juillet-21 décembre 2017)
  • 11 ministères impliqués*
  • 14 ateliers nationaux convoqués, 700 participants invités
  • 1 site dédié et les Français consultés : 16918 y ont contribué, 15345 ont voté

Etape 1 : consultation, réflexion et propositions

Les EGA, annoncés comme un “temps de réflexion partagée et de construction collective de solutions nouvelles”, ont mis au programme trois grands chantiers de travail :

  1. Assurer la souveraineté alimentaire de la France
  2. Promouvoir des choix alimentaires favorables pour la santé et respectueux de l’environnement
  3. Réduire les inégalités d’accès à une alimentation de qualité et durable

Des axes qui couvrent des champs d’action nombreux et variés : construction des prix, filières agricoles, réduction des intrants, bien-être animal, alimentation et santé, lutte contre le gaspillage alimentaire, commerce équitable, contrôles sanitaires… donc un projet vachement ambitieux, qui a récolté un foisonnement de propositions.

A l’issue de cette longue phase de consultation, à travers le site et avec les ateliers, les EGA ont abouti à une feuille de route gouvernementale et un projet de loi pour la mettre en œuvre.

Le projet de loi en question

Ce projet de loi « pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable » a  été dévoilé par le Ministre de l’Agriculture lors de la clôture des EGA.

La réforme majeure concerne les règles de contractualisation entre agriculteurs et transformateurs d’un côté, et entre fournisseurs et grande distribution de l’autre. La grande nouveauté, c’est qu’on va inverser la logique traditionnelle : désormais, ce sera celui qui vend (agriculteurs, producteurs et leurs organisations professionnelles) qui proposera son prix, en tenant compte des coûts de production.

Si on résumeuh, il s’agit donc de parvenir à une plus juste rémunération des agriculteurs. Autres moyens d’action : encadrer les promotions (fini le 1 acheté/1 gratuit, remplacé par 2 achetés pour 1 gratuit) et relever à hauteur de 10% le seuil de revente à perte, pour lutter contre la guerre des prix qui s’exerce aux dépends des producteurs.

Concernant les autres volets, retenons pour l’essentiel que :

  • les intrants chimiques ne pourront plus faire l’objet de rabais ou remises lors de la vente,
  • le délit de maltraitance animale est étendu et les peines doublées,
  • la restauration collective publique devra s’approvisionner avec au moins 50% de produits issus de l’agriculture biologique, locaux ou sous signes de qualité à compter du premier janvier 2022,
  • le gaspillage alimentaire est réduit dans la restauration collective par la mise en place d’un diagnostic obligatoire et le don alimentaire étendu à la restauration collective et à l’industrie agroalimentaire.

Une conclusion pas vraiment à l’unisson

Si ce projet de loi ne fait pas l’unanimité, ce n’est pas pour ce qu’il contient, mais plutôt pour ce qu’il ne contient pas… Le premier à avoir marqué son meuhcontentement n’est autre que Nicolas Hulot, Ministre de la Transition écologique et solidaire, absent lors de la clôture des EGA. Selon lui, le travail reste inachevé : « C’était une bonne conclusion du chantier 1 de ces Etats Généraux [consacré aux problématiques de filières et de prix]. Il reste à discuter la deuxième partie » (“alimentation saine, sûre et durable”, avec les questions des pesticides, du bio…).

En effet, sur les 22 articles du projet de loi sont, 17 sont consacrés aux rapports entre fournisseurs et distributeurs dans les filières. Et seulement 5 autres aux  mesures en faveur d’une alimentation saine et durable : un véritable déséquilibre entre les trois chantiers au programme des EGA ! Le sentiment de déception par rapport aux enjeux et aux attentes citoyennes est donc compréhensible.

Enfin, concernant la « sortie des pesticides » (ou pour être plus juste la réduction, puisque les objectifs retenus sont -25% en 2020 et -50% en 2025), la « concertation sur les propositions de plan d’action » est toujours en cours. Les conclusions, qui devaient être données fin mars 2018, ne sont pas encore publiques. Et la question du glyphosate toujours en suspens…

A cela s’ajoutent les inquiétudes sur la faisabilité, dans la meuhsure où la feuille de route ne précise ni les moyens ni les ressources qui seront consacrés à ces actions.

Modifier en profondeur notre modèle agroalimentaire ne se fera pas en un jour. Ni même en quelques mois. Les Etats Généraux ne sont pas un aboutissement qui clôt le chapitre « mieux se nourrir demain ». Espérons donc qu’ils soient au contraire un commencement, une étape de plus sur la bonne voie. Avec optimismeuh mais ténacité, c’est un combat que Les 2 Vaches n’est pas prêt d’abandonner !

* MINISTÈRE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET SOLIDAIRE/ MINISTÈRE DE L’EUROPE ET DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES / MINISTÈRE DE LA COHÉSION DES TERRITOIRES / MINISTÈRE DES SOLIDARITÉS ET DE LA SANTÉ / MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE ET DES FINANCES / MINISTÈRE DU TRAVAIL / MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ALIMENTATION / MINISTÈRE DE L’ACTION ET DES COMPTES PUBLICS / MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR, DE LA RECHERCHE ET DE L’INNOVATION / MINISTÈRE DES OUTRE-MER / MINISTÈRE DES SPORTS

Chiffres : http://agriculture.gouv.fr/un-projet-de-loi-suite-aux-etats-generaux-de-lalimentation

Sources :

http://agriculture.gouv.fr/egalim-discours-de-conclusion-du-premier-ministre-edouard-philippe

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2017/12/21/20002-20171221ARTFIG00324-a-quoi-ont-servi-les-etats-generaux-de-l-alimentation.php

http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/12/22/etats-generaux-de-l-alimentation-pour-nicolas-hulot-le-compte-n-y-est-pas_5233232_3244.html

http://agriculture.gouv.fr/lancement-de-la-concertation-sur-les-produits-phytopharmaceutiques-et-une-agriculture-moins

http://www.agrapresse.fr/au-del-du-projet-de-loi-cinq-plans-d-couvrir-d-but-2018-art442207-22.html?Itemid=235 




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