Ne se proclameuh pas bio qui veut ! Peu de produits sont soumis à autant de contrôles et obtenir la certification, ce n’est pas si simple…
Pour se déclarer« bio », il faut obtenir une certification, qui garantit la conformité des produits au cahier des charges très strict et donne droit au label AB. Devenir un producteur bio, c’est donc contraignant : ça demande un peu plus de travail, de temps, d’organisation, et surtout de motivation. Les 2 Vaches tirent leur chapeau à ces producteurs meuhtivés et revient sur quelques idées reçues qui leur donnent envie de meugler !
1. « Le label bio, ça s’achète ! » : pas exactement ! C’est comme le permis de conduire : on ne l’achète pas, mais ça coûte cher de le passer ! Les producteurs doivent payer la prestation de l’organisme de certification. Depuis 1991, la certification est assurée par des organismes privés. L’état, qui leur délègue cette mission, contrôle leur indépendance et leur compétence. Les producteurs peuvent choisir librement parmi les six organismes agréés (1). Les frais de certification sont à leur charge. Et contrairement au permis de conduire, ils doivent recommencer tous les ans.
2. « Le label bio c’est un papier, mais il n’y a pas de contrôle sur place ! » : vachement faux ! Lorsqu’ils demandent la certification, producteurs, agriculteurs, transformateurs et distributeurs s’engagent à être soumis à deux types de contrôle par an : la visite annuelle et le contrôle inopiné. La visite annuelle, très complète, porte sur tous les aspects de la production. Le demandeur doit fournir les documents qui seront examinés le jour du contrôle : factures des fournisseurs, plans d’épandage, cahiers d’élevage… La visite surprise portera plutôt sur une partie précise. Comme l’explique l’organisme de certification Ecocert, « si l’on sait qu’un mois est particulièrement propice à l’invasion de certains insectes, on réalisera le contrôle à ce moment- là, pour vérifier que l’opérateur n’utilise pas de pesticides. On fera des prélèvements sur son exploitation pour procéder à des analyses. »
3. « Les produits locaux, c’est aussi bien que le bio ! » : acheter des produits locaux peut donner l’impression de manger plus sain… mais ce n’est parfois qu’une impression ! Seul le bio apporte des garanties en répondant à un cahier des charges exigeant : rien ne dit que le produit local n’a pas été traité à plusieurs reprises avec des pesticides, ni que les champs ne sont pas arrosés à l’engrais chimique. Et ce n’est pas parce qu’elle est locale que l’agriculture conventionnelle ne pollue pas les rivières et les sols.
4. « Un champ bio ne l’est jamais vraiment : il est “contaminé” par les pesticides de celui du voisin ! » : c’est bien sûr un problèmeuh auquel les agriculteurs sont confrontés. Pour isoler la parcelle bio de celles cultivées en traditionnel, il doit prendre des mesures de séparation. Ces « zones tampons » peuvent être des barrières naturelles, comme une route, une bordure, un fossé, ou encore une haie plantée. Une bande de plusieurs mètres non-cultivée peut aussi jouer ce rôle. Les contrôleurs sont très vigilants sur ce point : si une parcelle bio est contaminée par l’épandage d’un champ voisin, la récolte est déclassée et vendue en conventionnel.
5. « Le bio importé, c’est pas vraiment du bio… » : en Europe, la réglementation et les critères sont identiques pour tous les pays membres. Dans le reste du monde, 11 pays ont une réglementation équivalente à celle de la Communauté Européenne en matière de certification bio (2). Les produits n’ont donc pas besoin d’une habilitation supplémentaire. Pour tous les autres pays, l’importateur doit faire une demande d’autorisation spécifique. Il doit fournir la preuve que le produit se conforme aux exigences de production bio équivalentes à celles de l’Europe. Les permis d’importation sont délivrés pour une quantité donnée, et valables pour des périodes déterminées : c’est vachement strict ! Tous les produits alimentaires qui portent le label AB, qu’ils viennent d’un agriculteur local ou qu’ils soient importés, répondent donc au même cahier des charges.
Peu de produits sont soumis à autant de contrôles. Obtenir la certification, ce n’est pas si simple. L’avantage ? Une vraie garantie pour les consommateurs, et une démarche volontaire des producteurs qui exclut le soupçon «d’effet de mode ». C’est pour ça que Les 2 Vaches s’engage et soutient concrètement la démarche des éleveurs bio. L’inconvénient ? Décourager une partie de ceux qui hésitent, surtout en raison du coût financier. Que les producteurs bio doivent payer pour prouver la qualité de leurs produits peut sembler injuste : et si c’était plutôt aux utilisateurs de pesticides d’apporter la preuve qu’ils ne produisent rien de nocif ?
Voilà peut-être une piste de réflexion pour accélérer la conversion à la bio… Mais pour le moment, la certification reste indispensable à la crédibilité de la filière bio : la confiance c’est bien, mais la transparence c’est encore mieux !
(1) Les six organismes agrées : Certipaq, Certisud, Ecocert, Qualité France, SGS, Agrocert.
(2) Liste des 11 pays : Argentine, Australie, Canada, Costa Rica, Etats-Unis, Inde, Israël, Japon, Nouvelle-Zélande, Suisse, Tunisie.